Alimentation et parentalité sécurisante : 5 phrases populaires à éviter à l’heure des repas
Dans un monde idéal, les moments passés à table en famille seraient toujours vécus dans le plaisir et la convivialité. Mais en réalité, il faut l’avouer, ce n’est pas toujours facile d’accompagner un tout-petit dans sa découverte de l’alimentation. Entre les phases de sélectivité et de néophobie alimentaires, les comportements d’opposition et les chichis entre frères et sœurs, les parents ont parfois la moutarde qui leur monte au nez!
Dans son nouvel ouvrage, Mélanie Bilodeau allie parentalité sécurisante et alimentation sensible aux besoins de l’enfant pour répondre aux questions des parents qui vivent parfois des difficultés à l’heure des repas. Elle en profite pour remettre les pendules à l’heure et pour déboulonner plusieurs mythes autour de l’alimentation des tout-petits.
Voici donc quelques exemples de phrases populaires à éviter à l’heure des repas pour favoriser l’établissement d’une relation saine avec l’alimentation chez l’enfant.
Contenu tiré du livre Être un parent sécurisant : l’alimentation du tout-petit, écrit par la psychoéducatrice Mélanie Bilodeau.
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« Mange encore 3 petites bouchées (pour me faire plaisir!). »
Même si on pourrait être tenté de forcer l’enfant à avaler un certain nombre de bouchées pour s’assurer qu’il « mange bien » et qu’il ingère tous les nutriments dont il a besoin, Mélanie explique dans son livre pourquoi il ne s’agit pas d’une bonne stratégie.
Dès sa naissance, l’enfant a la capacité innée de s’autoréguler en termes de faim et de satiété. Le bébé boit lorsqu’il a faim et il cesse lorsqu’il est rassasié.
Malheureusement, plus l’enfant grandit, plus cette fabuleuse compétence s’amenuise. Pourquoi? À cause des adultes, nous dit Mélanie! Lorsque l’on force l’enfant qui n’a plus faim à avaler un certain nombre de bouchées, on le détourne de ses signaux de faim et de satiété. On lui apprend à ne plus se fier aux messages que son corps lui envoie.
Et si on faisait davantage confiance aux enfants et à leurs aptitudes d’autorégulation en matière d’alimentation?
« Arrête de faire des caprices! »
Dans son ouvrage, Mélanie est catégorique à ce sujet : un enfant qui refuse de manger certains aliments ne fait pas de caprices.
L’enfant qui a de réelles réticences, voire des aversions par rapport à certains aliments, n’est pas « difficile » ni « capricieux ». Il est en plein apprentissage des goûts, des textures, de la nouveauté. Certains enfants acceptent plus rapidement la nouveauté et la variété sensorielle, tandis que d’autres ont besoin de plus de temps pour gagner en confiance.
La plupart des enfants, jusqu’à 7 ou 10 ans, vont voir leurs préférences alimentaires fluctuer et vont vivre des phases de sélectivité alimentaire ou de néophobie alimentaire. Le mot-clé que répète de nombreuses fois Mélanie dans son ouvrage pour faire face à ces défis? EXPOSITION. Le piège serait de retirer les aliments que l’enfant ne veut pas, qu’il ne connaît pas ou que l’on croit qu’il rejettera. Avec le temps, les enfants ayant été exposés chaque jour à une variété d’aliments et à une large diversité sensorielle, sans toutefois être forcés de manger, vont généralement élargir leur répertoire alimentaire.
L’adulte peut influencer positivement cette période de découverte et d’apprentissage ou, au contraire, faire en sorte que les comportements perçus comme difficiles soient exacerbés. Mélanie en parle plus en détail dans son ouvrage.
« Pas de dessert si tu ne termines pas ton assiette. »
Selon Mélanie, à l’heure des repas, il est crucial que les interactions parent-enfant soient positives. Les stratégies comme les menaces, les réprimandes, le chantage ou toute autre forme de punition ont généralement pour effet de diminuer l’appétit de l’enfant, puisqu’elles lui mettent de la pression et qu’elles lui génèrent du stress.
De plus, ces stratégies peuvent inciter l’enfant à obtempérer par peur ou par insécurité, ou encore tout simplement pour obtenir un privilège. Il peut alors se forcer à manger plus qu’à sa faim. Encore une fois, cela peut le détourner de ses signaux de faim et de rassasiement.
« Les bonbons, c’est non! »
Souvent mis sur un piédestal, le dessert (et les bonbons!) fait envie et les enfants l’attendent impatiemment. Cela dit, au lieu de favoriser une certaine hiérarchisation des aliments, Mélanie suggère plutôt de miser sur la neutralisation de ceux-ci. Le dessert fait partie du repas, comme tous les autres aliments du menu. Il ne devrait pas être considéré comme une récompense, ni être complètement interdit.
Dans son livre, l’autrice invite donc les parents qui évitent de donner du dessert à leurs enfants à changer de posture en leur donnant plus souvent accès à ce type d’aliment. L’objectif est que les bonbons deviennent des aliments parmi tant d’autres. On ne les diabolise pas, mais on ne les voit pas comme des aliments extraordinaires non plus.
Mélanie conseille d’ailleurs de faire attention au vocabulaire qu’on utilise pour décrire les aliments. Il est préférable d’éviter de parler de « cochonneries », ni même d’aliments « bons » ou « mauvais ». C’est ça, le concept de neutralité alimentaire.
Bien sûr, il est vrai que tous les aliments ne sont pas égaux sur le plan nutritionnel. Ils contiennent des nutriments différents et, en ce sens, il est important d’enseigner aux enfants qu’ils doivent faire des choix pour répondre à tous les besoins de leur corps. Cependant, les aliments ne devraient pas avoir de valeur morale. On ne devrait pas se sentir coupable ou honteux d’avoir mangé un morceau de tarte aux pommes.
« Goûtes-y, au moins! »
Dans son ouvrage, Mélanie aborde le concept du partage des responsabilités en alimentation, une approche qui mise sur la relation de confiance entre l’enfant et son parent.
Selon cette approche, le parent est responsable du « quoi », c’est-à-dire de la qualité et du choix des aliments présentés à l’enfant. Il doit également déterminer où, quand et comment se déroulent les repas et les collations. L’enfant, de son côté, peut décider s’il mange ou non, et en quelle quantité (donc combien).
Le parent fait confiance à la capacité d’autorégulation de l’enfant en termes de faim et de rassasiement, et il demeure sensible à ses signaux, à ses comportements à table et à l’ensemble de ses besoins, tant physiologiques que relationnels et affectifs.
L’enfant apprend alors qu’il peut faire confiance à ses propres signaux internes pour savoir s’il a faim ou pas, et qu’il peut écouter ces signaux. Ce sont là les fondements essentiels d’une alimentation dite intuitive.
Ainsi, c’est à l’enfant de décider s’il goûte ou non un aliment. Comme mentionné précédemment, lui mettre de la pression ou user de stratégies coercitives est déconseillé, en plus d’être bien souvent contre-productif.
Pour aller plus loin… | ||
Être un parent sécurisant : l’alimentation du tout-petitPar Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice. Dans ce guide, Mélanie s’appuie sur les principes de la parentalité sécurisante et de l’alimentation sensible aux besoins du tout-petit pour offrir des réponses concrètes aux questions des parents qui souhaitent favoriser l’établissement d’une saine relation avec l’alimentation chez leur enfant. Il va sans dire que certaines croyances seront légèrement bousculées au passage, mais comme c’est fait avec bienveillance et humour, on ne saurait en vouloir à notre psychoéducatrice préférée de nous faire réfléchir! |
Bon appétit, les amis!Par Mélanie Bilodeau et Laurence-Emmanuelle Dumas, psychoéducatrices. En complément du guide, cet album magnifiquement illustré a été conçu pour encourager les enfants à apprivoiser la nouveauté et à être à l’écoute de leurs besoins. Le plaisir de manger est donc au cœur de ce livre haut en couleur, qui comprend également des stratégies positives pour instaurer un climat sécurisant et pour favoriser le développement d’une saine relation avec l’alimentation. |
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Le délicieux bingo!Activité pour encourager la découverte alimentaire |