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Êtes-vous le porte-avion de votre enfant ? (ou l'importance du lien d'attachement)

Maternelle et préscolaireParentalité positive
Publié le 18/11/2022
18/11/2022

Texte partiel tiré du livre « Soyez l'expert de votre-tout petit : éduquer dans la parentalité sécurisante » de Mélanie Bilodeau.

Nourrir un attachement sécurisant (Être un porte-avion)

L’humain est d’abord et avant tout un être social. Il a soif d’interactions avec les autres. Plus encore, les liens sociaux sont essentiels à sa survie, à son fonctionnement et à son bien-être. Selon la théorie de l’attachement (Bowlby, 1969; 2002), c’est dans sa première année de vie que l’enfant va construire sa toute première relation d’attachement avec sa figure de soins la plus significative. Par la suite, le tout-petit va progressivement accroître le nombre de figures d’attachement dans sa vie et, évidemment, ses comportements d’attachement vont évoluer avec les années. Son système d’attachement remplira alors deux fonctions principales, la première étant de se protéger des dangers et la seconde, de réguler les émotions désagréables.





« Même si le tout-petit semble très dépendant de l’adulte et que ses comportements d’attachement s’activent très souvent chaque jour, cela ne signifie en rien qu’il éprouve des difficultés d’exploration ou qu’il manque d’autonomie. Au contraire ! Même si cela semble contradictoire, l’attachement EST le moteur de l’acquisition de l’autonomie. »

Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice, auteure du livre « Soyez l'expert de votre tout-petit : éduquer dans la parentalité sécurisante »





Pour explorer son environnement en toute confiance, le tout-petit a besoin de savoir que les adultes qui prennent soin de lui sont accessibles et disponibles. La capacité d’exploration de l’enfant va donc de pair avec l’attachement. Dès qu’il vit un stress, ses comportements d’attachement se déclenchent. L’enfant a alors besoin de la proximité de ses figures d’attachement pour se sécuriser.


L’analogie du porte-avion, proposée d’abord par Nicole Guedeney, pédopsychiatre reconnue en France pour ses travaux sur l’attachement, demeure souvent utilisée pour illustrer l’attachement (Guédeney et Lamas, 2009 ; Guédeney, 2011). L’avion réfère au tout-petit alors que les parents et les adultes significatifs sont le porte-avion. Ce dernier, toujours le même, doit demeurer continuellement disponible et accessible afin que l’avion puisse y atterrir en cas de besoin ou d’urgence : repos, ravitaillement, entretien, carburant, etc. Le porte-avion est une base de sécurité qui permet de mieux redécoller par la suite. S’il n’est plus disponible, l’avion hésite à s’éloigner.








Reconnaissez-vous certaines des situations suivantes ?

  • Le tout-petit exprime son besoin de proximité avec vous lorsque les situations de séparation surviennent : arrivée à la garderie le matin, départ pour le travail, endormissement du soir, absence momentanée pour s’occuper d’un autre enfant, etc.
  • Quand l’enfant se fait mal ou a peur, il pleure en réclamant votre présence auprès de lui.
  • Le tout-petit fait tout pour attirer votre attention quand autre chose vous occupe. 
  • Lorsqu’il vit une situation nouvelle, il reste près de vous et il met un certain temps avant d’aller explorer par lui-même.
  • Il met énormément de temps à s’endormir et il refuse que vous quittiez la chambre ou vous réclame dix millions de fois; il se réveille plusieurs fois pendant la nuit.
  • Lorsqu’il vit une grande colère, il hurle encore plus fort si vous l’isolez ou si vous vous éloignez de lui.








Dans ces situations, ce qui se passe en réalité, c’est que le tout-petit veut savoir qu’il peut compter sur l’accessibilité et la disponibilité de ses figures d’attachement. Il veut s’assurer qu’il peut compter sur son porte-avion pour remplir son réservoir de carburant au besoin. 

Pour l’enfant, le carburant, c’est la réponse à son besoin de proximité. Parfois, un simple contact visuel, un sourire ou une parole rassurante suffit. À d’autres moments, il a besoin de contact physique, de câlins, des bras sécurisants de son parent. Cela ne signifie pas qu’il est de type insécure, anxieux ou dépendant. Au contraire ! Même lorsque la recherche de proximité est intense, il faut se dire que vous avez plutôt fait un bon boulot comme figure d’attachement : l’enfant a développé un lien d’attachement sécurisant avec vous et vous fait suffisamment confiance pour revenir vers vous afin de s’apaiser et de se sécuriser. Il a la certitude qu’il sera toujours accueilli avec sensibilité, chaleur et empathie. Et ça, c’est une fichue de belle réussite comme parent, comme grand-parent ou comme éducatrice !

Plus l’enfant est petit, plus l’accessibilité et la disponibilité du porte-avion sont essentielles. Autour de 3 ans, l’enfant gagne en autonomie et en indépendance. Il a encore besoin de savoir que son porte-avion est accessible… mais il a moins besoin qu’il soit toujours disponible. En effet, il peut réaliser beaucoup de choses par lui-même et il arrive plus facilement à tolérer les délais lorsque son porte-avion n’est pas disponible immédiatement. Voilà qui explique, entre autres, pourquoi il cherche son parent lors de ses réveils nocturnes. Il a besoin de se rassurer quant à l’accessibilité de son porte-avion si un mammouth surgit dans sa chambre au beau milieu de la nuit ! C’est la même chose pour toutes les situations générant du stress chez le tout-petit. Le contact rassurant avec son parent favorise la sécrétion d’hormones permettant au système d’alarme interne de l’enfant de s’apaiser.

Les qualités d’un porte-avion sécurisant

  • Il est accessible.

La première année de vie d’un bébé est très exigeante pour les adultes qui en prennent soin. Il faut souvent revoir les priorités, remettre le lavage à plus tard, accepter que les moments en couple soient interrompus par les tétées et s’habituer à regarder rouler les moumous au sol sans trop s’en faire. En effet, même si l’on tente d’expliquer à un bébé qu’il doit attendre « parce que maman a envie de se faire un cappuccino », il n’y comprendra rien. Il continuera à hurler jusqu’à ce que l’idée même de vous faire un simple café noir vous décourage. 

À partir de 18 mois, un tout-petit qui a d’abord été sécurisé dans sa première année de vie est capable de tolérer la frustration liée à de courts délais. Avec la maturation, il est en mesure de mieux tolérer le fait que vous ne soyez pas accessible à tout moment. Il est donc tout à fait correct de faire patienter un peu l’enfant dans certains contextes, même si cela peut générer de la frustration. Par exemple, vous pouvez aisément terminer de manger avant de prendre l’enfant sur vos genoux… mais pas en situation de stress. Rappelons-nous que le tout-petit n’a pas la capacité de réguler ses états émotionnels tout seul. Se faire répondre « Attends ! » lorsqu’il pleure, vit de la peur ou cherche à être réconforté risque d’être anxiogène pour lui. 

Si vous ne pouvez vraiment pas être accessible sur le moment parce que vous êtes dans la douche, les cheveux dégoulinant de shampoing, préconisez une approche empathique : « Je sais que tu as besoin de moi mon coeur, je rince mes cheveux très vite et j’arrive ! Je suis avec toi quand même, tu peux venir près de moi » ou « Je te vois, j’ai compris que tu veux un câlin, j’arrive dans deux minutes ». Ce ne sera pas miraculeux, je vous préviens. Il va fort probablement pleurer jusqu’à ce que vos bras soient de nouveau accessibles. Cela dit, s’il vous sait sensible à ce qu’il vit, son stress va diminuer et il va tout de même s’apaiser un peu.

  • Il est disponible. 

On ne peut pas toujours être disponible physiquement, mais on peut essayer de l’être psychologiquement et émotionnellement le plus souvent possible. La plupart des parents que je rencontre admettent bien humblement que c’est là le plus grand défi quand tout le stress du métro-boulot-dodo nous assaille et que nous sommes, nous aussi, submergés par de grandes émotions. Et avouons-le : parfois, on préfère mettre notre petit hamster cérébral sur pause en regardant des story Instagram plutôt que d’accueillir avec empathie une énième querelle entre frères. C’est normal, c’est humain et c’est là que la connexion à soi prend tout son sens. Il est possible de mettre en place des moyens pour optimiser notre disponibilité. Pas tout le temps, mais plus souvent.

  • Il est sensible.

Pour répondre aux besoins du tout-petit, il faut d’abord se connecter à lui. Ainsi, on parvient à percevoir ses émotions, à être touché par son vécu, à décoder ses besoins et à offrir une réponse adéquate. C’est fondamental.

Pour aller plus loin : 

Soyez l'expert de votre tout-petit : éduquer dans la parentalité sécurisante

Mélanie Bilodeau, M. Sc., psychoéducatrice, périnatalité et petite enfance

7 X 9"; 240 pages; 978-2-925213-22-2


Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice, périnatalité et petite enfance

En savoir plus sur Mélanie



Psychoéducatrice en périnatalité et petite enfance, Mélanie est aussi une conférencière, chroniqueuse et formatrice très courue, aux indéniables talents de communicatrice. Elle a développé une expertise novatrice et encore peu exploitée en psychoéducation, soit celle de la psychologie périnatale. Elle chapeaute La Clinique Mélanie Bilodeau Psychoéducation qui propose des services de consultation et d’accompagnement, en plus d’offrir diverses formations destinées aux éducatrices et professionnels en périnatalité et en petite enfance. Elle est aussi l’heureuse maman de trois enfants.