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Benoît Hammarrenger : Faites-vous équipe avec votre enfant ?

Opposition enfant et adoParentalité positiveGestion des émotionsGestion des comportementsGestion de la colère
Publié le 12/09/2022
12/09/2022

Propos recueillis par Sabrina Herren.

Tu ne comprends rien !





Ce n'est pas juste !

Tu dis toujours « NON ».




Laisse-moi tranquille !



Tous les parents souhaitent créer un climat familial empreint d’écoute et d’ouverture. Malgré tout, ils voient tous un jour ou l’autre leur enfant faire des crises, être insolent, s’opposer, s’isoler, vivre de la tristesse ou de l’anxiété. Plusieurs parents peuvent vivre un grand sentiment d'impuissance en regard de la distance qu’ils voient alors s’installer entre leur jeune et eux.

Dans son nouveau livre De l’opposition à la communication : comprendre et entendre vraiment vos enfants et vos adolescents, Benoît Hammarrenger revêt sa casquette de père et s'inspire de sa pratique en tant que neuropsychologue pour aider les parents à faire alliance avec leur jeune et à se positionner en équipe avec lui. 

Benoît Hammarrenger, Ph. D., neuropsychologue7 X 9"; 200 pages; 978-2-925213-14-7

Pourquoi avoir décidé d'écrire De l'opposition à la communication : entendre et comprendre vraiment vos enfants et vos adolescents?

B. H. : Dans le cadre de ma pratique en tant que neuropsychologue, j'ai observé qu’une constante se dégage de toutes les situations de détresse familiale que l'on m'a racontées. Cette constante, c’est le besoin de cultiver une meilleure communication, une communication profonde et authentique, au-delà des mots, là où se jouent les vrais enjeux. Les mots masquent souvent les enjeux réels d’une situation. On demeure alors en périphérie de ce que l’enfant vit vraiment. Lorsque l’on accède à ce qui se cache derrière les mots, lorsque l’on comprend l’émotion ou la pensée qui génère l’émotion, la vraie magie de la communication peut s’opérer. En mettant sur papier ce que j’enseigne de façon individuelle à des parents, j’espère contribuer, à plus grande échelle, à ce magnifique sentiment de synchronie au sein des familles. 


Benoît Hammarrenger, Ph. D., neuropsychologue

 


Qu'est-ce qui différencie De l'opposition à la communication de votre premier livre L'opposition : ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs?

B. H. : Mon premier livre L’opposition ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs permettait de comprendre les enjeux qui se cachent derrière les comportements d’opposition et d’intervenir sur ces comportements. De l'opposition à la communication vise, quant à lui, à permettre aux parents d’installer un climat familial propice, basé sur la confiance et la communication, afin d’éviter que les déceptions, tristesses et colères normales chez l’enfant, ne versent dans la crise et l’opposition. Je veux, avec ce livre, aider les parents à faire équipe avec leur jeune pour faire face aux situations frustrantes ou décevantes, plutôt que de se placer en opposition aux demandes et aux envies de l’enfant ou de l’adolescent. 

Vous parlez donc aussi de l'opposition... chez les parents?

B. H. : Effectivement. On parle souvent de l’opposition des enfants… Et si c’était parfois le parent qui, dans plusieurs cas, était celui qui initiait l’opposition? Quand un enfant veut un jeu au centre d’achats et que le parent dit : « Non, c’est beaucoup trop cher et on n’est pas ici pour ça », en fait, n’est-ce pas le parent qui initie une certaine opposition? Imaginons qu’il y ait plutôt moyen de faire équipe avec le jeune pour affronter ensemble la situation contraignante?

Il existe bon nombre de situations dans lesquelles les parents semblent se positionner contre le jeune. Ils s’opposent à ses désirs et à ses envies. Ils adoptent la position adverse et engagent le combat. Et qu’arrive-t-il lorsque l’on prend position contre un jeune ? On génère automatiquement… de l’opposition et de l’argumentation. À partir de ce moment, le jeune va essayer de convaincre ses parents que non, il ne possède pas trop de jeux vidéo, que son ami Théo en a bien plus que lui, et que de toute façon il en a déjà terminé un parmi ceux qu’il a reçus à Noël et donc qu’il n’y joue plus, et enfin qu’il nous garantit qu’il ne jouera pas plus d’une heure par jour promis, promis, promis… Vous savez ce qui arrive ensuite ? Le parent, puisqu’il a choisi d’agir en adversaire, devra à son tour trouver des contre-arguments pour maintenir sa position. C’est souvent ainsi que commencent l’opposition et les conflits.

Lorsqu'un enfant exprime de la colère, souvent, le parent a tendance à lui demander de se calmer, de changer de ton ou d’arrêter de crier… Pourtant, jamais il ne ferait une intervention semblable en réaction à une autre émotion! « Calme ta joie! On ne tolère pas ça ici! » Pourquoi la colère n’a-t-elle pas droit à sa juste place, elle aussi? Et si le fait de laisser une place à la colère permettait à l’enfant de s’apaiser plutôt que de s’engager dans une escalade?

Vous prônez une approche basée sur la synchronie émotionnelle, qu'entendez-vous par là? 

B. H. : Lorsque survient une situation à forte teneur émotionnelle, il est difficile de retrouver l’harmonie en utilisant la discussion, l’argumentation et les mots. On peut réussir à retrouver l’harmonie en étant en phase, en synchronie avec l’émotion de l’autre, c’est-à-dire à faire résonner l’émotion de l’autre en soi, à vibrer de la même façon, en même temps, et à se considérer comme des coéquipiers plutôt que comme des adversaires dans la situation. Par la synchronie émotionnelle, je propose de chercher à se placer soi-même, un peu, dans le même état émotif que la personne qui est devant nous. 

Avec les enfants et les adolescents, il s’agit donc de vivre un peu d’excitation avec eux lorsqu’ils sont eux-mêmes excités, une certaine déception lorsqu’ils sont déçus ou même une certaine colère lorsque quelque chose de fâchant survient dans leur vie. En se plaçant ainsi en synchronie avec les émotions de l’enfant, il est possible de travailler en équipe plutôt que l’un contre l’autre. Même les frères et les sœurs peuvent apprendre à travailler de cette façon en équipe. 

En se plaçant en synchronie avec les émotions de l’enfant, il est possible de travailler en équipe plutôt que l’un contre l’autre.

Que conseillez-vous pour éviter qu'une situation d'opposition ne dégénère en crise, en tension ou en punition?

B. H. : Lorsqu'un jeune s'oppose, argumente ou vit une crise de colère, le parent ou l'intervenant adopte intuitivement l'une des deux réactions suivantes: tenter d'apaiser l'enfant ou cadrer, discipliner et mettre un terme au comportement. Et s'il existait une troisième façon de faire, beaucoup moins intuitive, mais peut-être parfois plus efficace? Pensons ici à une approche compréhensive et empathique par laquelle on essaie de comprendre l'émotion de l'enfant telle qu'il est en train de la vivre au moment de son opposition. En plus de nous permettre d'éviter la crise, les tensions et les punitions, cette approche favoriserait même le développement d'un lien plus fort avec l'enfant.

Entendre et écouter ce qui met l’enfant en colère aura pour effet de faire redescendre cette colère, alors qu’expliquer, argumenter ou contredire l’enfant ne fera qu’amplifier la crise — parfois jusqu’à la perte de contrôle. L'enfant doit se sentir entendu. Il doit sentir que ce qu’il a à dire a de la valeur et qu’on prend le temps de l’écouter. C’est ici, précisément, que l’on commet habituellement l’erreur qui devient la plaque tournante de la crise de colère. 

Lorsqu'un jeune s'oppose, argumente ou vit une crise de colère, le parent ou l'intervenant adopte intuitivement l'une des deux réactions suivantes : tenter d'apaiser l'enfant ou cadrer, discipliner et mettre un terme au comportement. Et s'il existait une troisième façon de faire, beaucoup moins intuitive, mais peut-être parfois plus efficace?

Selon vous, quelle est la clé pour une meilleure communication parent-enfant?

B. H. : 
Selon moi, il n'y en a pas une, mais sept ! ;-) Elles représentent d'ailleurs les chapitres de mon livre. Les interventions présentées dans ces chapitres tournent beaucoup autour de l’importance d’apprendre à communiquer au-delà des mots. C’est uniquement en comprenant bien la réaction du jeune, en saisissant ce que LUI, a vécu, que l’on comprendra pourquoi les interventions parentales ont échoué et que l’on pourra réfléchir à des interventions qui auraient eu plus de chances de succès.  

Pour aller plus loin :

Benoît Hammarrenger, Ph. D., neuropsychologue
7 X 9"; 200 pages; 978-2-925213-14-7

Benoît Hammarrenger, Ph. D., neuropsychologue

Benoît Hammarrenger est neuropsychologue, diplômé de l’Université de Montréal. Il est le fondateur de la Clinique d’évaluation et de réadaptation cognitive (CERC). Ses sujets d’expertise sont le TDAH et le trouble d’opposition. Il est fréquemment sollicité par les médias pour se prononcer sur l’éducation des jeunes, les troubles d’apprentissage et la neuropsychologie en général. Conférencier et formateur reconnu, il est également l’auteur de livres très appréciés des parents et des intervenants.

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