5 choses à savoir sur le stress post-traumatique

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Publié le 14/05/2018
14/05/2018

À quoi s'apparentent les symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT)? Quelles sont les personnes les plus à risque de développer ces symptômes? Que peut-on faire pour les prévenir? Les psychologues Vanessa Germain et Alessandra Chan, auteures du livre «Après le choc : surmonter un évènement traumatisant ou bouleversant», répondent aux 5 questions les plus fréquemment posées sur le TSPT

Texte : Vanessa GermainAlessandra Chan. Édition : Sabrina Herren.

Quels sont les principaux symptômes du trouble de stress post-traumatique?

Il existe différentes catégories de symptômes post-traumatiques

https://www.miditrente.ca/fr/produit/apres-le-choc
Les symptômes « envahissants »
Les symptômes qu'on appelle « envahissants » correspondent à des souvenirs, flashbacks ou rêves répétitifs de l’évènement traumatique qui engendrent une grande détresse chez la personne.

Les symptômes d’« évitement »
Les symptômes d’« évitement » correspondent à tous les stimulus qui rappellent l’évènement, comme une situation, un lieu, une personne, un objet ou encore des souvenirs, des pensées ou des sentiments associés à l’évènement.

L'altération sur les plans cognitif ou émotionnel
On retrouve chez les victimes de trauma ce qu’on appelle une « altération sur les plans cognitif ou émotionnel ». Cela signifie que le jeune peut vivre des changements importants dans sa façon de voir le monde et dans les émotions qu’il ressent. Par exemple, il peut développer des croyances négatives par rapport à lui-même ou aux autres, se blâmer ou blâmer les autres pour ce qui est arrivé, ressentir des émotions négatives persistantes telles que la honte, la peur, l’horreur, la colère ou la culpabilité, se sentir détaché des autres, etc.


L'altération de l’éveil ou de la réactivité
Parmi les symptômes post-traumatiques, on retrouve aussi une « altération de l’éveil ou de la réactivité », telles que de l’irritabilité ou des accès de colère, des comportements irréfléchis ou autodestructeurs, de l’hypervigilance, des sursauts exagérés, des difficultés de concentration et des difficultés de sommeil.


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Qu’est-ce qui rend un jeune plus à risque de développer un trouble de stress post-traumatique?

Il faut savoir que le fait d’être exposé à un évènement bouleversant ne suffit pas pour développer un TSPT. 

Un évènement est considéré comme traumatique si la personne a ressenti une peur intense, un sentiment d’horreur ou d’impuissance pendant un évènement au cours duquel elle a été exposée à la mort ou a vu son intégrité physique menacée. Les recherches montrent qu’environ un quart des jeunes qui sont exposés à un évènement traumatique développeront un TSPT.

Il est difficile de prédire à l’avance qui développera un TSPT à la suite d'un évènement bouleversant, car plusieurs facteurs peuvent avoir un impact :

  • La nature de l'évènement

La nature même de l’évènement vécu peut avoir une incidence sur les symptômes post-traumatiques. Un évènement durant lequel on a eu très peur de mourir, durant lequel on a dissocié ou qui a déclenché des émotions très fortes d’horreur, de dégoût ou d’impuissance augmente les risques de vivre des symptômes post-traumatiques.

  • Les facteurs présents avant l’évènement

Des facteurs présents AVANT l’évènement, tels que notre histoire personnelle (ex. : une vie plus stressante parsemée d’épreuves difficiles), nos traits de personnalité, notre vision de la vie en général, peuvent également nous rendre plus fragile et influencer la manière de réagir à un évènement bouleversant.

  • Les facteurs présents après l’évènement

De plus, il est important de tenir compte des facteurs présents APRÈS l’évènement puisqu’ils peuvent expliquer qu’une personne réagira plus qu’une autre. À titre d’exemple : est-ce que l’évènement a entraîné des procédures judiciaires, du jugement social ou des séquelles physiques? Est-ce que l’évènement a des chances de se reproduire? Est-ce qu’il y a eu un impact sur les relations interpersonnelles? Est-ce qu’on a accès à un soutien social adéquat?  


Est-il possible de développer des réactions en n’ayant pas vécu directement un trauma?

ll est tout à fait possible de développer certaines réactions post-traumatiques en n’ayant pas vécu directement un trauma. 

Par exemple, savoir qu’une personne proche de nous a vécu un évènement bouleversant et en obtenir les détails peut suffire à devenir hypervigilant, à ressentir une plus grande peur au quotidien, à avoir tendance à éviter davantage, etc. 



Comment aider une victime de traumatisme au quotidien? 

  • Ne pas la blâmer

Il est fondamental de ne pas blâmer la personne que vous souhaitez soutenir, peu importe ses réactions ou ses émotions pendant ou après l’évènement. Après un accident ou une agression, il peut être tentant de blâmer l’autre pour se protéger soi-même, pour préserver notre sentiment de confiance et de sécurité. Rappelez-vous, nul ne peut prédire réellement quand un évènement se produira, ni quelles seront nos réactions. On réagit « comme on peut » et non « comme on veut » dans un élan d’instinct de survie. 

  • Ne pas l'encourager à oublier

Pour bien soutenir, il peut également être judicieux d’éviter de dire au jeune d’oublier ce qui s’est passé. L’humain n’a pas la faculté d’oublier sur commande. Si c’était possible, tout le monde se porterait mieux! Il sera alors plus approprié de lui offrir un climat sécurisant et réconfortant pour qu’il puisse s’exprimer. Qu’il sache qu’il peut tout dire sans être jugé, critiqué, culpabilisé ou méprisé. Bien sûr, vous devrez avoir la capacité de tolérer ses élans émotifs, quels qu’ils soient, sans vouloir lui dire qu’il ne devrait pas se sentir « comme ceci » ou « comme cela ». 

  • L'accompagner et reconnaître son courage

Une grande partie du travail de reconstruction sera d’apprendre à affronter les situations qui génèrent de la peur, en autant que le contexte soit sécuritaire, bien sûr. Donc, n’hésitez pas à accompagner le jeune au début pour le sécuriser et encouragez-le à poursuivre l’exposition par la suite, sans mettre de pression. De belles « félicitations » seront appréciées pour reconnaître le courage qu’il a eu pour affronter ses peurs. Vous pourrez l’encourager également à utiliser certaines stratégies comme la respiration et la relaxation pour apprendre à mieux gérer son anxiété et se détendre au besoin.Finalement, des discussions avec les autres adultes de son entourage seront importantes pour veiller à lui offrir la sécurité nécessaire (professeurs, direction de l’école, intervenants, etc.).


Comment savoir si c’est préférable de l’envoyer voir un psychologue?

Plusieurs réactions sont tout à fait normales après un trauma (évitement, hypervigilance, sursauts, cauchemars, peur). Le corps tente d’intégrer et de digérer ce qui s’est passé. Toutefois, si les réactions post-traumatiques persistent ou s’accentuent au-delà d’un mois après l’évènement, il serait judicieux d’encourager le jeune à consulter un professionnel de la santé. Il devient alors à risque de développer un TSPT. 


  • Il change d'humeur

Il sera important de porter une attention particulière à des changements dans son humeur, ses réactions, son attitude et son fonctionnement à la maison, à l’école ou au travail. 

  • Il s'isole

Il serait important qu’il consulte rapidement si vous observez qu’il n’a plus d’intérêt pour ce qui lui plaisait normalement, qu’il s’isole et ne veut plus voir ses amis ou la famille, qu’il semble détaché de tout, qu’il se dévalorise, qu’il pleure plus souvent, qu’il perd ou prends du poids drastiquement ou qu’il rapporte des idées suicidaires. Ce sont des signes de dépression. 

  • Il affiche des comportements régressifs

Peut-être qu’il se montre également plus agressif ou impulsif? Qu’il démontre des difficultés scolaires soudaines, des comportements régressifs ou encore plus de douleurs physiques (avoir mal au ventre ou à la tête par exemple)? 

  • TSPT et dépendances

Soyez également attentif à la consommation de drogue ou d’alcool ou aux autres comportements auto-destructeurs comme l’automutilation. Certains jeunes y recourent davantage pour gérer leur anxiété ou leurs émotions. 

En somme, l’observation du jeune sera fondamentale pendant les semaines, voire les mois suivant l’évènement et les signes nommés précédemment sont de bons repères pour décider d’aller consulter ou non.


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À propos du livre « Après le choc » 

L’adolescence et le début de l’âge adulte représentent des périodes charnières pour le développement, puisque c’est à ce moment que l’identité et la personnalité se forgent. La vulnérabilité associée aux réactions post-traumatiques peut nuire à ce processus développemental, notamment en nuisant au fonctionnement quotidien et en affectant l’estime de soi. 

Conçu pour accompagner les adolescents et les jeunes adultes qui ont vécu des évènements bouleversants ou traumatisants pouvant aller jusqu’à un TSPT (trouble de stress post-traumatique), ce livre illustre divers profils de réactions et de difficultés associés à des évènements variés. Présenté de manière dynamique, il propose des exemples concrets, des histoires de cas et plusieurs stratégies d’intervention à instaurer au quotidien pour mieux comprendre le phénomène du stress et les séquelles laissées par les expériences difficiles et les traumatismes.


Après le choc 

Alessandra Chan et Vanessa Germain, psychologues

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Les auteures

Alessandra Chan

Alessandra Chan, Ph. D., détient un doctorat en psychologie de l’UQAM et possède une spécialisation dans le domaine du développement de l’enfant. Psychologue clinicienne à Montréal, elle donne également des conférences sur la psychologie clinique auprès des enfants.Vanessa Germain

Vanessa Germain, Ph. D., est psychologue clinicienne. Elle se spécialise entre autres dans le traitement des troubles de stress post-traumatique. Auteure de nombreux articles scientifiques, elle est également formatrice, conférencière et fondatrice de la Clinique Argyle, près de Montréal. « Après le choc » est son quatrième livre.