5 choses à savoir sur l'anorexie à l'adolescence

L’anorexie est une maladie qui frappe l’imaginaire. Pour les personnes qui ne l’ont jamais vécue, elle peut être bien difficile à comprendre… L’anorexie, qu’est-ce que c’est, au juste? Voici 5 choses à savoir pour mieux comprendre cette maladie.

Texte partiellement tiré du livre 10 questions sur… L’anorexie à l’adolescence, écrit par la psychologue et neuropsychologue Martine Fortier.

1. L’anorexie, c’est quoi exactement?

Contrairement à ce que l’on peut penser, l’anorexie, c’est bien plus que des «caprices alimentaires», et ce n’est pas non plus un choix ou une phase de l’adolescence. Il s’agit d’une maladie mentale bien réelle et complexe, qui peut avoir des conséquences graves. Plus précisément, l’anorexie est un trouble de santé mentale qui fait partie de la grande famille des troubles des conduites alimentaires, au même titre que l’hyperphagie et la boulimie. Le plus souvent, l’anorexie se caractérise par des restrictions alimentaires, par une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros et par une distorsion de l’image corporelle.

2. Quels sont les différents types d’anorexie?

Il existe deux types d’anorexie. D’abord, il y a le type restrictif: ici, la personne est dans le contrôle. Elle perd du poids principalement par les restrictions importantes exercées sur son alimentation (régime, jeûne, omission de repas, calcul de calories) et par ses dépenses énergétiques (exercice physique important, agitation, refus de rester assise de manière prolongée).

Il y a également le type accès hyperphagique/purgatif. Dans ce type d’anorexie, la personne a recours aux vomissements ou à des comportements purgatifs, comme l’utilisation de laxatifs. Certaines adolescentes peuvent également avoir des moments de perte de contrôle ou de gloutonnerie (perçus ou réels). Il s’agit de moments où elles mangent davantage qu’à l’habitude. C’est souvent après cela que l’envie de se faire vomir survient.

Bien que l’on associe fréquemment l’anorexie avec le fait de se faire vomir, ce ne sont pas toutes les personnes vivant avec cette maladie qui le font. En fait, bien que plusieurs songent à se faire vomir ou essaient à une ou deux reprises de le faire, peu de jeunes utilisent ce moyen de manière régulière.

3. Quels sont les signes de l’anorexie?

Plusieurs signes peuvent indiquer que quelque chose ne va pas, certains plus inquiétants que d’autres. Par exemple, un intérêt soudain pour les livres de recettes ou la perte de poids, une alimentation de plus en plus restrictive, une volonté soudaine et intense de faire de l’activité physique et des pesées fréquentes peuvent être des signes que les pensées de l’adolescente sont de plus en plus centrées sur l’alimentation et l’image corporelle. Bien sûr, développer une passion pour la cuisine ou pour un sport n’est pas nécessairement le signe d’un trouble alimentaire. Cependant, le fait de ne pas aimer son corps et de se mettre en action pour le modifier augmente le risque de développer un trouble alimentaire, et il est important d’en discuter avec son enfant.

D’autres symptômes sont beaucoup plus alarmants. Par exemple, une perte de poids importante, une absence des menstruations ou la présence de comportements purgatifs (vomissement, laxatif, etc.) sont des signes devant lesquels il faut consulter rapidement un médecin.

4. Les garçons peuvent-ils souffrir d’anorexie?

Les garçons peuvent être atteints d’anorexie. Bien que les filles soient plus nombreuses, plusieurs adolescents et plusieurs hommes adultes vivent avec la maladie. Ils représenteraient environ 5 à 15 % des cas. Cependant, chez les garçons, l’anorexie se manifeste souvent différemment (mais pas toujours!). En effet, les adolescents atteints d’anorexie sont souvent à la recherche d’un corps plus athlétique. Ils cherchent donc à augmenter leur masse musculaire tout en ayant un faible taux de gras. Leur idéal, souvent inatteignable, peut entraîner des problèmes liés à l’alimentation, à la consommation de substances et à l’exercice compulsif, qui à leur tour affecteront la santé.

À noter que les personnes non binaires (ni exclusivement hommes ni exclusivement femmes) peuvent également être atteintes d’anorexie. Ces personnes présentent même un plus grand risque de développer un trouble des conduites alimentaires, puisqu’elles sont plus susceptibles de vivre des préoccupations liées à leur image corporelle. En effet, pour les personnes non binaires, il peut arriver que certaines caractéristiques du corps, qui ne correspondent pas à la façon dont la personne s’identifie du point de vue du genre, soient difficiles, voire impossibles à accepter. La restriction de l’alimentation peut alors être une stratégie utilisée pour gagner du contrôle sur un corps qui ne se développe pas dans la direction souhaitée.

5. Quels sont les différents mythes sur l’anorexie?

L’anorexie est une maladie complexe, et certaines personnes ont malheureusement plusieurs idées préconçues à l’égard des gens qui en sont atteints. Contrairement aux croyances populaires, voici ce que l’anorexie n’est pas:

• Ce n’est pas le fruit de caprices alimentaires.
• Ce n’est pas une phase de l’adolescence qui passera toute seule avec le temps: plus vite on consulte, moins la maladie risque de s’installer, ce qui facilite grandement la guérison. Il ne faut pas attendre!
• Ce ne sont pas des comportements visant à attirer l’attention.
• Ce n’est pas un choix que l’individu fait, tout comme on ne choisit pas de vivre avec l’anxiété ou le diabète. La personne ne fait pas exprès de ne pas manger, et ce n’est pas qu’une question de volonté.
• Ce n’est pas qu’une maladie de femmes. Comme mentionné précédemment, bien que la majorité des personnes qui consultent soient des femmes, des hommes vivent aussi avec l’anorexie.
• Ce n’est pas un suicide lent. Les gens qui vivent avec l’anorexie sont généralement à la recherche d’une façon de se sentir mieux et bien avec leur corps. Très rares sont les personnes qui affirment se priver de manger dans le but de mourir.

Pour en savoir plus sur l’anorexie à l’adolescence

Dans son nouvel ouvrage sur l’anorexie à l’adolescence, la psychologue et neuropsychologue Martine Fortier répond aux questions les plus fréquemment posées sur l’anorexie. Elle souhaite ainsi aider les parents et les intervenants à mieux comprendre l’anorexie, et surtout, à mieux accompagner les jeunes vivant avec la maladie.

Questions abordées:

• Qu’est-ce que l’anorexie et comment se développe-t-elle?
• Quels sont les signes et les conséquences d’une alimentation insuffisante?
• Comment mieux comprendre le vécu psychologique des personnes vivant avec l’anorexie?
• Quand l’exercice devient-il problématique?
• Qu’en est-il de l’anorexie chez les garçons et les jeunes non binaires?
• Quels sont les traitements offerts?
• Comment les parents peuvent-ils aider leur adolescente? Quels sont les pièges à éviter?
• Comment créer un environnement favorable à la guérison?
• Quelles sont les conséquences de la maladie sur les proches?
• À quoi ressemblent le processus de guérison et le retour à la vie normale?