Tics et Tourette, comment s’y retrouver ?
Qu’est-ce qu’un tic ?
La plupart des gens connaissent quelqu’un qui a des tics, qu’on appelle couramment des manies, des habitudes ou encore des « tics nerveux ». Quelqu’un qui cligne des yeux quand il parle devant les gens, qui s’essuie les coins de bouche de manière répétée, un autre qui se replace sans cesse une mèche de cheveux qui n’existe pas vraiment ou une personne qui renifle et se racle la gorge sans être enrhumée. Ça vous dit quelque chose ? Ces manifestations peuvent être anodines, temporaires ou encore être là pour rester. Comment les différencier ? Quand intervenir et comment ?
Un tic est un mouvement ou une vocalisation non volontaire qui se produit généralement de manière soudaine, rapide et récurrente. Il est d’intensité variable, mais il est perçu comme irrésistible et difficile à retenir par la personne qui le fait.
Chez les enfants, c’est souvent l’entourage qui s’aperçoit des tics. À moins que le tic soit un mouvement marqué ou douloureux, les enfants en bas âge en sont peu conscients.
Est-ce que les tics sont là pour rester ?
Il est important de savoir que la majorité des tics moteurs (c’est-à-dire des mouvements) émis entre l’âge de 4 et 8 ans sont épisodiques et disparaissent complètement en moins d’un an. Les experts estiment qu’entre 10 % et 20 % des jeunes présentent des tics transitoires au cours de leur développement. Ces tics peuvent apparaître du jour au lendemain, sans raison apparente. On peut parfois faire des liens et établir des hypothèses : réaction à une situation stressante, mouvement apaisant, autorégulation, imitation, etc. Si l’enfant n’est pas dérangé par ses tics, il n’y a pas d’intervention à faire à proprement dit. Dans le trouble tic transitoire, les tics sont présents pendant moins d’un an et disparaissent d’eux-mêmes.
Ensuite vient le trouble tic chronique qui se caractérise par des tics uniquement moteurs (des mouvements) ou uniquement sonores (des sons ou des mots) qui sont présents pendant plus d’un an. Puis, il y a le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) qui se diagnostique lorsque la personne manifeste des tics moteurs et sonores à la fois. Contrairement au trouble tic transitoire et au trouble tic chronique, le syndrome de Gilles de la Tourette s’accompagne généralement d’une constellation de symptômes associés qui vient complexifier le portrait.
De façon générale, les tics se développent en commençant par la tête et, dans certains cas, ils peuvent se généraliser au reste du corps. Dans la majorité des cas, le clignement des yeux est le premier tic observé. Dans les cas de Syndrome de Gilles de la Tourette, les symptômes vont généralement s’aggraver et se complexifier à l’adolescence pour diminuer à l’âge adulte.
Que faire quand on a des tics ?
L’un des premiers conseils que l’on donne aux parents d’un enfant qui a des tics est de ne pas l’empêcher de les faire. Tout d’abord, on ne veut pas stigmatiser les tics et que l’enfant les considère comme quelque chose de négatif ou à proscrire. Cela aurait probablement l’effet inverse, c’est-à-dire que ça amènerait l’enfant à se focaliser sur ses tics et ça risquerait d’en augmenter la fréquence. La plupart des gens sont en mesure de s’empêcher de faire des tics pendant une certaine période de temps. Par contre, cela n’est pas sans conséquence. En effet, retenir ses tics amène une augmentation de la tension musculaire qui entraîne à son tour des maux de tête et, possiblement, une diminution de la concentration. Prenons par exemple le clignement de yeux. Si je vous demande de ne pas cligner des yeux pendant une ou deux minutes, il y a de fortes chances pour que vous ne pensiez qu’à ça, quitte à avoir du mal à vous concentrer sur autre chose et à vaquer à vos occupations.
On encourage le fait que les tics soient ignorés le plus possible et ne se trouvent pas au centre de l’attention. De cette façon, l’enfant peut développer une image de soi qui le définit autrement que par ses tics. | ||
Quand intervenir et comment ?
Différentes stratégies associées au bien-être général sont très accessibles et populaires de nos jours. Elles permettent entre autres de diminuer la tension musculaire, ce qui peut faire diminuer les tics. Pensons à la méditation et à la relaxation, par exemple. Elles sont intégrées dans plusieurs routines à la fois personnelles et collectives (à la garderie, à l’école, au travail). Dans les cas de tics, la relaxation musculaire apporte des bienfaits qui sont bien documentés. En effet, la pratique régulière de la relaxation aide à diminuer la tension musculaire, elle permet à la personne de prendre conscience de son corps et de mieux l’habiter. La méthode de Jacobson, par exemple, est une technique de relaxation active très connue qui enseigne la répétition d’exercices où on alterne la contraction et le relâchement des muscles de chaque partie du corps. Plusieurs outils existent afin de soutenir l’apprentissage des étapes de la relaxation chez les enfants. On peut ajouter des objets, une histoire ou encore avoir recours à des relaxations guidées (lues par quelqu’un ou qui utilisent une piste audio).
Si la présence de tics cause de la détresse physique ou psychologique, consulter un professionnel de la santé permettra d’y voir plus clair et de mieux intervenir.
Pour aller plus loin :
10 questions sur... Le syndrome de Gilles de la Tourette chez l'enfant et l'adolescent
Anick Laverdure, psychologue et psychothérapeute
Validation scientifique : Julie Leclerc, psychologue, professeure et chercheure
6 X 9"; ISBN 978-2-924804-49-0
Anick Laverdure, psychologue, est l’auteure du guide 10 questions sur… le syndrome de Gilles de la Tourette chez l’enfant et l’adolescent, paru aux Éditions Midi trente. Elle travaille comme psychologue dans une école spécialisée pour les enfants et les adolescents qui composent avec des difficultés graves d’adaptation. |
Les Éditions Midi trente publient des livres pratiques et des outils d’intervention sympathiques permettant de surmonter les difficultés et de stimuler le potentiel des enfants et des adolescents.